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Ce maire charismatique, à la voix grave et posée, ne souhaite pas s'appesantir sur les difficultés liées à l'accroissement soudain de sa population. Il préfère au contraire souligner les aspects positifs de l'afflux de réfugiés et de la cohorte d'organisations humanitaires qui a suivi. "Nous avions beaucoup de difficultés avec l'eau mais grâce aux forages du HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) et de l'ONG Care, nous ne buvons plus l'eau souillée de nos puits." Les organismes des Nations unies et leurs partenaires mènent des actions de soutien aux communes d'accueil pour ne pas développer de ressentiment chez les populations hôtes. Pour le reste, Amou Amadjouda s'en remet au Plus Haut. "Le Dieu qui est là, c'est Lui qui sait comment gérer ces personnes [les réfugiés, ndlr] mais nous ne devons pas croiser les bras. Alors on continue à faire les prières partout dans les mosquées."




* El Hadj Amou Amadjouda est officiellement adjoint au maire de Ketté, chef-lieu d'arrondissement dont dépend le bourg de Timangolo qu'il administre.

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En travers de la piste, une barrière. Trente kilomètres plus loin, la République centrafricaine. Ou du moins ce qu'il en reste après un demi-siècle de coups d'État et de renversements politiques.

Le 26 mai 2014, El Hadj Amou Amadjouda, maire* du village de Timangolo, était là. À côté de cette barrière, drapé de son boubou blanc immaculé.

Il regardait, impuissant, les corps abîmés par des semaines de fuite sortir des camions pour s'affaler aussitôt. Ils étaient désormais en sécurité.



Depuis un an, cette commune de 5 000 âmes de l'arrondissement de Ketté ne compte plus les jours comme celui-ci. Le terrain en friche, donné par la mairie au plus fort de la crise, compte aujourd'hui près de 7 000 Centrafricains en exil.

Amou Amadjouda, après avoir serré la main aux leaders réfugiés comme tous les matins, revient sur ce jour de mai 2014 qui a transformé sa paisible bourgade. "Toute la population était là ! Mais aussi le chef du village, le Préfet, les autorités religieuses et même un groupe de danse. Nous avons fait une grande fête pour les accueillir ! Nous voulions leur dire que nous sommes toujours prêts à les recevoir et à les protéger.

Ce sont nos frères !"



Un reportage d'Alexis Huguet dans les départements de la Kadey et de la Boumba et Ngoko, Est-Cameroun, mai 2015.

CHAPITRE  I

" Nous avons fait une grande fête pour les accueilir ! "

Explosion démographique, conflits agropastoraux, concurrence sur le bois de chauffe ; les populations hôtes des régions camerounaises de l'Est et de l'Adamaoua tentent de s'organiser avec leurs nouveaux voisins pour dissiper les tensions du quotidien.



Un sentiment d'injustice a émergé chez les nationaux qui ne bénéficient pas ou très peu de l'aide internationale apportée aux réfugiés et se sentent délaissés par le pouvoir central. Cette situation précaire conduit épisodiquement à des montées de violence dans les communes frontalières.



Sans perspective d'avenir, la paix demeure fragile.

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Depuis décembre 2013, près de 200 000 Centrafricains ont traversé la frontière camerounaise pour fuir les meurtres, les viols et la terreur qui régnaient dans leur pays.




Si en 2015 la situation semble s'apaiser, les familles qui ont tout laissé derrière elles pour se réfugier au Cameroun ne semblent pas encore prêtes à prendre le chemin du retour.




Il faut donc cohabiter.

Textes, photos, sons et conception graphique : Alexis Huguet

Est-Cameroun : une cohabitation fragile entre réfugiés et autochtones

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NOS FRÈRES DE CENTRAFRIQUE

CHAPITRE I

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EMMANUEL ALFA, PRÉFET DE LA KADEY, PARLE DE LA COHABITATION ENTRE RÉFUGIÉS ET POPULATIONS HÔTES

Village de Timangolo, 30 km de la frontière

5 000 habitants, 7 000 réfugiés dans le site d'accueil