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CHAPITRE  II

" Pour que le planteur ait un petit sourire "

CHAPITRE II

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Brusquement, sur l'axe Batouri-Kentzou, un attroupement se forme. Sur une piste couleur de rouille, au milieu de nulle part, un grumier a percuté une moto et ses passagers. Une triste banalité.

Une habitude presque sur ces routes défoncées de l'est du Cameroun. Aujourd'hui, par chance, il n'y a pas de blessé. De la chance, El Hadj Hodi Ali Alido n'en a pas eu. Cet ancien fonctionnaire au ministère de l'Élevage à Bangui, devenu "président" des réfugiés du site de Lolo, a été percuté par l'ambulance d'une ONG. Un trajet en taxi-moto qui lui a valu six mois d'hospitalisation à Yaoundé. Ce jour-là, il partait régler un conflit entre un éleveur réfugié et un agriculteur local. Phénomène récurrent dans cette zone de transition entre la forêt équatoriale et la savane, le gros bétail dévaste les plantations de maïs, de manioc et d'arachide.


"Ici, il n'y a pratiquement pas d'espace pastoral !", se désole l'ancien fonctionnaire de Bangui. "Ceux qui ont fui avec quelques bêtes sont contraints de partir dans d'autres régions en abandonnant femmes et enfants." Cet afflux de bovins ne dérangerait pas seulement les cultivateurs de l'Est-Cameroun. Selon El Hadj Holi Ali Alido, les éleveurs nationaux n'apprécient guère cette concurrence sur les pâturages. "Ils nous disent que ces espaces leur sont réservés. Certains prétendent même détenir des titres fonciers. Mais quand on vérifie, ils n'en ont en pas !"

Village de Lolo, 27 km de la frontière

1 500 habitants, 11 000 réfugiés dans le site d'accueil

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Devant sa masure aux murs bleus ciel écaillés, un moteur de poids lourds abandonné sur la terrasse, Sa Majesté Nicolas Mbonga, chef traditionnel de Lolo, s'évertue à apaiser les tensions. Ils se retrouvent souvent avec le "président" des réfugiés pour régler ce qu'ils nomment pudiquement des "désaccords". Ils tentent ensemble de contenter tout le monde. Et Sa Majesté de préciser tout de même"qu'il n'y a pas de dédommagement en tant que tel. C'est trop cher. Mais du savon ou un peu de pétrole pour que le planteur ait au moins un petit sourire."

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SA MAJESTÉ NICOLAS MBONGA, CHEF DU VILLAGE DE LOLO, PARLE DE LA COHABITATION ENTRE RÉFUGIÉS ET POPULATIONS HÔTES